Depuis deux ans, les médias nous répètent la même histoire : la Russie serait l’agresseur, l’Ukraine la victime, et l’Occident le défenseur de la démocratie. Une guerre binaire, simple, comme on les aime. Les méchants d’un côté, les gentils de l’autre. Mais je crois que les choses sont plus complexes.
Pas pour excuser l’un ou l’autre, mais pour regarder l’histoire en face. Parce que les guerres ne commencent jamais au moment où elles éclatent. Elles murissent. Lentement. Dans les discours, dans les traités trahis, dans les lignes rouges piétinées.
Pour comprendre comment on en est arrivés là, il faut remonter le fil. Pas à 2022. Pas même à 2014. Mais à 1989, au moment où l’Union soviétique vacille, où l’Occident promet des choses qu’il n’écrira jamais noir sur blanc.
Dans cet article, je déroule une chronologie. Pas une leçon d’histoire, mais une remise en contexte. Un fil rouge pour comprendre comment l’Ukraine, petit à petit, est devenue le pion d’un bras de fer entre la Russie et l’OTAN. Comment ce pays, que l’on présente aujourd’hui comme la victime, a surtout été sacrifié par ceux qui prétendent le défendre.
C’est ma lecture. Pas une vérité absolue. Mais je crois qu’elle mérite d’être posée sur la table, ne serait-ce que pour refuser les récits trop simples. Alors on remonte à 1989, et on regarde comment le marteau et l’enclume se sont lentement refermés sur l’Ukraine.
Lors de la réunification allemande, les dirigeants occidentaux, notamment américains (James Baker, secrétaire d’État américain), assurent verbalement à Mikhaïl Gorbatchev que l’OTAN « ne bougera pas d’un pouce vers l’est » si l’Union soviétique accepte la réunification allemande dans l’OTAN. La Russie interprète cela comme un engagement clair, bien que jamais écrit formellement. Ce malentendu (ou cette promesse brisée, selon l’interprétation russe) deviendra central dans les tensions ultérieures.
1991 – Dissolution de l’URSS : l’indépendance ukrainienne, un enjeu stratégique majeur
La disparition de l’URSS marque un bouleversement géopolitique sans précédent. Quinze nouvelles républiques indépendantes émergent, dont l’Ukraine, pays stratégiquement crucial pour la Russie. L’Ukraine n’est pas seulement un État voisin : elle possède la Crimée, péninsule historiquement et culturellement russe, mais surtout base navale de Sébastopol, essentielle pour la flotte russe de la mer Noire.
Depuis Catherine II (fin du XVIIIe siècle), Sébastopol est la base navale militaire russe clé en mer Noire. Cette position permet à la Russie :
Après la chute de l'URSS, la flotte russe basée à Sébastopol devient un enjeu vital de sécurité nationale. La Russie ne peut envisager une Ukraine hostile intégrée à l’OTAN, qui pourrait potentiellement remettre en cause son accès sécurisé à la mer Noire et donc à la Méditerranée.
L’indépendance ukrainienne place donc immédiatement la Russie dans une situation de vulnérabilité stratégique majeure, expliquant sa vive réaction quand l’OTAN commencera son expansion à l’est dans les années suivantes.
